samedi 10.09.2022
13h30>18h00
Le Ciel,
2 rue du Général Marchand,
38000 Grenoble
prix libre

Caroline Boë
Laboratoire PRISM (Aix-Marseille Université / CNRS / Ministère de la Culture)
Équipe CRESSON
AAU-CRESSON / ENSAG (Grenoble)
Makis Solomos
Université Paris 8 / MUSIDANSE (Paris)
Arthur Enguehard
PePaSon (Paris / Lyon)
Dans le cadre des journées éponymes PAYSAGES | COMPOSÉS – Écologie sonore · Musiques de recherche, des artistes et des chercheur·euse·s invité·e·s dialoguent autour des thématiques de l’écologie sonore pour nous dévoiler différentes approches au sujet du paysage sonore et ses implications dans les recherches sonores.
Une série de conférences vulgarisées, enrichies par des propositions d’écoute approfondies, s’adressant à un public curieux, néophyte ou averti.
Des conversations et des échanges vont guider le public à la découverte de nouvelles expériences d’écoute et le sensibiliser aux possibles manifestations du sonore – dans toute sa richesse et fragilité – au sein des espaces que nous habitons et nous traversons au quotidien.
Pendant toute la durée des conférences, le public pourra également visiter la pièce sonore installée/sculptures sonores « Le Tour d’un Jour » de Nicolas Bralet, sélectionnée dans le cadre notre appel à œuvres.
Dans le cadre de PAYSAGES | COMPOSÉS 2022, en partenariat avec l’association Plege/Le Ciel.
Programme :
Ces sons qui nous envahissent
La sonothèque anthropophy.org : un petit musée de la pollution sonore
Caroline Boë
Laboratoire PRISM (Aix-Marseille Université / CNRS / Ministère de la Culture)
Urbanisme sonore, ambiances, atmosphères
L’état des recherches sur l’espace sonore et l’environnement urbain
Équipe CRESSON
AAU-CRESSON / ENSAG (Grenoble)
Tempêtes, tourbillons, guerre
Milieux sonores et paysages sonores intenses chez Xenakis
Makis Solomos
Université Paris-8 / MUSIDANSE (Paris)
Paysages sonores et pédagogies de l’écoute
Les enjeux d’une pédagogie des paysages sonores dans le contexte contemporain d’une société de transition
Arthur Enguehard
PePaSon (Paris / Lyon)
Les interventions en détail ▲
Ces sons qui nous envahissent
La sonothèque anthropophy.org : un petit musée de la pollution sonore ▲
Caroline Boë
Laboratoire PRISM (Aix-Marseille Université / CNRS / Ministère de la Culture)
Nous sommes envahis par des sons technophoniques, souvent caractérisés par leur faible intensité et par leurs fréquences fixes. La sonothèque collaborative anthropophony.org archive des sons de pollution sonore de faible intensité pour les dénoncer. Ces sons infimes, filtrés par notre habituation auditive (Mosberg), sont inframinces (Duchamp) et s’y intéresser relève de l’endotique (Augoyard). Avec un système de commentaires d’utilisateurs de la sonothèque, le son physique archivé est augmenté d’une dimension perceptive-communicative (Barbanti). Les commentaires montrent que, malgré un souhait de dénonciation, nous esthétisons nos perceptions.
À partir de cette sonothèque, j’organise des balades sonores « oreilles nues » qui donnent lieu à des documentaires sonores, et je propose, ici à Grenoble, l’installation relationnelle Une Loupe pour Toucher.
Artiste sonore et compositrice née en 1963 dans le Vaucluse, Caroline Boë vit et travaille à Marseille (France).
Depuis 2013, elle se consacre à la recherche-création en sound-art. Elle est actuellement artiste-chercheuse doctorante au sein du laboratoire PRISM (Aix-Marseille-Université/CNRS/Ministère de la Culture), sous la direction scientifique de Christine Esclapez et la direction artistique de Peter Sinclair. Son domaine de recherche concerne la pollution sonore, l’art relationnel et le web-art. Son engagement écologique oriente ses travaux vers l’art environnemental, l’écologie sonore, le paysage sonore.
Elle est reconnue pour ses installations sonores (au GMEM/CNCM, au Palais de Tokyo de Paris) et ses performances pour partitions graphiques (au musée des Beaux-arts de Marseille, à la Cité Radieuse Le Corbusier).
Un prix SACEM de valorisation de la musique symphonique lui a été attribué en 2016.
De 1995 à 2013, elle a composé plusieurs musiques contemporaines de spectacle vivant (théâtre, chorégraphies, poésie-opéra) et a réalisé de nombreuses installations musicales pour des expositions collectives d’art contemporain. C’est aussi l’époque de sa recherche musicale avec les chants oiseaux et des parcours sensoriels dans le noir avec Didier Berjonneau. De 1987 à 1995, dans le cadre de la société de post-production son Paris Dièse dont elle était gérante, elle a composé des musiques de commande pour la radio (France Musique, France Culture) et pour la télévision (CNN International, Rai Uno, Arte, la 5, Canal +, France 3, France 2, TF1).

Urbanisme sonore, ambiances, atmosphères
L’état des recherches sur l’espace sonore et l’environnement urbain ▲
Équipe CRESSON
AAU-CRESSON / ENSAG (Grenoble)
Le CRESSON (centre de recherche sur l’espace sonore & l’environnement urbain) est une équipe de recherche du laboratoire AAU (Ambiances, Architectures, Urbanités), fondée en 1979, à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (ENSAG).
À l’origine centré sur l’espace sonore, le CRESSON a fondé sa culture de recherche sur une approche sensible et située des espaces habités. Ces recherches s’appuient sur des méthodes pluridisciplinaires originales, à la croisée de l’architecture, des sciences humaines et sociales et des sciences pour l’ingénieur. À travers ses travaux fondamentaux, le CRESSON met en œuvre des expérimentations qui interrogent les processus de la conception architecturale et urbaine à toutes ses échelles (dispositif, architecture, espace urbain, paysage, territoire).
À partir des années 90, tout en poursuivant les travaux sur la dimension sonore, ses investigations s’élargissent aux multiples dimensions de la perception in situ de l’expérience urbaine. Sont ainsi abordés les phénomènes lumineux, sonores, thermiques, olfactifs, tactiles et kinesthésiques, et leurs rapports aux pratiques ordinaires et professionnelles, posant alors les bases de la recherche sur les ambiances architecturales & urbaines.
Dans la continuité de ces préoccupations, les travaux du CRESSON questionnent aujourd’hui les enjeux sociaux, écologiques, esthétiques, numériques, politiques et éthiques des ambiances.
Intervenants : Marc Higgin, Théo Marchal, Grégoire Chelkoff
Tempêtes, tourbillons, guerre
Milieux sonores et paysages sonores intenses chez Xenakis ▲
Makis Solomos
Université Paris-8 / MUSIDANSE (Paris)
Iannis Xenakis (1921 ou 1922 – 2001) fut à la fois compositeur, architecte, artiste multimédia, théoricien… À l’occasion de son centenaire, on peut revisiter sa musique de plusieurs manières. Si lui-même aimait mettre l’accent sur les procédés formels et sur ses relations aux mathématiques et aux sciences, on sait que c’est aussi une musique du son composé : il a été l’un des pionniers de l’émergence du son. Ce changement paradigmatique va de pair avec le fait que cette musique – tant électroacoustique qu’instrumentale – évoque souvent des paysages sonores. Ces derniers sont le plus souvent agités et intenses : nous évoquerons les expériences sonores de tempêtes (Terretektorh), de tourbillons (La Légende d’Eer), de guerre (Metastaseis)…
Makis Solomos, musicologue, né à Athènes en 1962, il vit en France depuis 1980.
Il est Professeur de Musicologie à l’Université Paris-8 depuis 2010, et responsable du laboratoire MUSIDANSE depuis 2014. Il a (co)-dirigé de nombreuses thèses de doctorat et organisé plusieurs colloques. Ses recherches ont donné lieu à de nombreuses publications.
En 2002, il a co-fondé la revue « Filigrane. Musique, esthétique, sciences, société ».
Spécialiste de la création musicale et de musique contemporaine, il a étudié les œuvres et les projets de musiciens et musiciennes varié·e·s (Varèse, Webern, Scelsi, Boulez, Ferreyra, Mâche, Vaggione, Grisey, Westerkamp, Zorn, Di Scipio, …). Il a participé au débat théorique et musicologique par des recherches sur Adorno, sur la notion d’espace musical, sur la relation technique-technologie, sur la globalisation en musique, sur le paradigme granulaire…
En 2013, il a publié un livre de synthèse sur une mutation décisive de la musique : De la musique au son. L’émergence du son dans la musique des XXe-XXIe siècles (Presses universitaires de Rennes).
Il est reconnu en tant que l’un des principaux spécialistes internationaux de la musique de Iannis Xenakis, qu’il a étudié et analysé sous un angle nouveau et original.
Ses dernières recherches portent sur la notion d’écologie du son, dans le sens large du terme, et il a été co-porteur de plusieurs projets de recherche sur ce sujet.
Paysages sonores et pédagogies de l’écoute
Les enjeux d’une pédagogie des paysages sonores dans le contexte contemporain d’une société de transition
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Arthur Enguehard
PePaSon – Pédagogie des Paysages Sonores (Paris / Lyon)
La pédagogie comme pensée du geste d’éducation trouve échos dans les démarches artistiques et esthétiques contemporaines dont les implications politiques et anthropologiques ne sont plus à démontrer. Le paysage sonore comme produit immanent d’une expérience sensible et corporelle du monde vibratoire permet d’articuler de manière pertinente une contre-proposition éducative à l’intellectualisme rationnel cartésien, hégémonique dans nos sociétés occidentales et contemporaines. Dans cette conférence-performance nous essayerons de cartographier rapidement, tout en faisant l’expérience, des trajectoires pédagogiques de l’écoute ; et discuterons leur capacité à opérer effectivement une transformation du monde et des humain·e·s qui le peuplent.
Nantais d’origine, Arthur Enguehard a suivi des études en Géosciences à l’École Normale Supérieure de Paris, jusqu’à l’obtention d’un Master de Climatologie en 2019.
En parallèle, il s’engage de manière militante dans l’éducation populaire et travaille comme animateur. Après des expériences auprès des jeunes et un travail en périscolaire, il se spécialise auprès des publics en situation de handicap.
Parti en 2019 pour Cayenne, il s’y formera aussi au sonore et réfléchit aux possibles d’une médiation de l’écoute par le biais d’un premier projet personnel intitulé « Pédagogies des Paysages Sonores ». Ce dernier donnera naissance, en juin 2020, à l’association du même nom, abréviée « PePaSon », et dont il est l’actuel président. Celle-ci vise à développer un réseau de partage de pratiques et d’inspirations autour de l’écoute et des paysages sonores comme forme éducative.
Plus récemment, il a repris un travail universitaire centré sur la pédagogie croisant des approches critique (Freire), esthétique (Rancière) et pragmatique (Dewey). Après une première collaboration avec l’Université de Lausanne en 2021, il s’engage dans une thèse de recherche-création questionnant la possibilité de développer des formes « d’éducation à la Terre » par une réappropriation artistique contemporaine des dispositifs expérimentaux des géosciences et par la production d’œuvres interactives dans l’espace public.